jeudi 1 décembre 2011

Produit national du bonheur


C'est à l'âge de 17 ans que le quatrième roi, Jigne Singye Wangchuki, a lancé, lors d'une entrevue que le Produit National du Bonheur était aussi important sinon plus que le Produit National Brut. Plus de trente ans plus tard, cette "philosophie " sociale unique est toujours vivante et la majorité de mes interlocuteurs la salue.
Dans sa plus simple impression, cela signifie que tout projet de développement sera analysé à la lumière de son impact sur la population, l'environnement et les valeurs religieuses. La santé psychologique, l'écologie, la santé, l'éducation, la culture, le niveau de vie, l'utilisation de temps, la vitalité des connaissance et la bonne gouvernance sont les neuf points principaux chacun pouvant être analysé avec des indicateurs précis. 




Bouddhisme

J'ai parfois demandé si ce concept de PNB bhoutanais aurait eu le même impact  si sa  population n'avait pas pratiqué le bouddhisme mahayana, altruiste et universaliste.  Combien de fois on m'a soutenu qu'il est important de faire bénéficier toutes les créatures vivantes par nos actions. On prie pour les autres  pour qu'ils ne souffrent pas, on aide son voisin, on veut être une bonne personne. 

 Contrairement au catholicisme, on ne gagne pas le paradis du premier coup. Chaque vie est une occasion d'être meilleur, d'accumuler assez de mérites  pour s'assurer une réincarnation dans un être  d'un niveau supérieur et atteindre, après de multiples réincarnations, le nirvana. On est alors libéré du cycle récurrent de la naissance, la maladie, le vieillissement et la mort.  (résumé très succinct, car les différentes formes de bouddhisme sont légions).
Compassion

Ainsi la compassion fait partie du vocabulaire journalier et ramène rapidement tout discours sur le développement à un niveau  très "humain". Par exemple, un patient moribond n'arrive jamais seul l'urgence. Si ce n'est pas un membre de la famille , un ami, un voisin l'accompagne. Des dames volontaires parcourent l'hôpital pour orienter des visiteurs désorientés, offrent des couvertures.
Très peu de sans-abris, pour le moment. Très peu aussi de quêteux qui sont davantage des personnages colorés comme celui-ci.





Place à l'amélioration
 Aujourd'hui, à l'urgence de  l'hôpital de référence de Thimphu, on ne pouvait prendre la température des patients puisque  le dernier thermomètre (au mercure ) a été brisé hier soir.  On ne pouvait soulager la douleur d'un patient en phase terminal d'un cancer ou son voisin affligé d'une fracture ouverte au fémur par manque de narcotiques. Il n'y a ni anti-émétique intraveineux , ni antiarrythmique (!) intraveineux . En fait, 63 médicaments manquent à l'appel depuis plus d'un an suite à une histoire d'extorsion .
 Ce matin, dans le journal local, on dénonçait en gros titres non seulement le ras-le-bol des médecins mais l'impossibilité de connaître les responsables de ces importantes ratés. 
En attendant, les infirmières au maigre salaire, achètent de leur poche et chacun leur tour des thermomètres.


Bon, il reste que ce petit pays pris entre l'Inde et la Chine a  tout un courage pour aligner des principes aussi  originaux. Il reste qu'il a besoin de rester à l'écoute des participants sur le terrain....

Une petite "prière"
Presque comme d'habitude, je termine avec ces drapeaux à prières, ici, fort joliment rassemblées.









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire