lundi 5 décembre 2011

Tourisme: Trois jours au paradis





Après quatre semaines de travail , j'ai décidé de prendre trois jours de vacances avant d'entrer à Montréal. Ma destination a répondu à  deux désirs: la chaleur et l'absence de chiens ! Le Royal Manaus wildlife refuge était une destination rêvée au sud du Bhoutan. Très récemment ouvert aux touristes, j'ai été reçue au campement des gardes-chasses . Des hommes passionnés de nature qui vivent  pendant plusieurs années dans cet endroit fort isolé.
Ils patrouillent à pied ou à dos d'éléphant une zone frontalière avec l'Inde. Ils relèvent les pistes de tigres ou de léopards, relèvent les photographies prises par infra-rouge, surveillent leur forêt  (qui perdent leur virginité face à l'appétit indien pour leur bois ) . 





Ok on a de beaux orignaux au Québec , mais ce n'est pas aussi exotique que ces éléphants heureux de prendre leur bain quotidien !




300  sortes d'oiseaux différents dont ce magnifique calao bicorne, énorme oiseau dont le vol s'entend avant qu'il ne se voit, tellement il est bruyant.






 Et le 'golden langur'  une espèce rare et en voie de disparition...


sujets variés 2

Je suis de retour à Montréal depuis vendredi le 2 décembre après un voyage infernal.  Je me suis néanmoins accrochée à cette attitude un peu zen que j'ai développé durant le séjour. Prendre une petite distance face à une frustration, à un problème. Si un moine est capable de méditer  dans la plus grande simplicité pendant trois ans ,trois mois , trois jours, je suis capable d'endurer un vol de retour de 20  heures dont la moité à côté d'un enfant qui crie. Restons zen, il y a toujours pire...

Il me reste encore à partager avec vous  quelques moments.

Tir à l'arc: un sport dangereux !

Le tir à l'arc est le sport national du Bhoutan, les adeptes en sont fous. Ils passent la journée entière à essayer d'atteindre  une cible située à une distance de 140 mètres. Quel  plaisir  ils ont ces gars !




 Venant d'un pays où  le principe de la prévention fait partie de mes moeurs , j'étais étonnée de voir ces flèches arriver à vive allure alors que les archers ne reculent que d'un ou deux mètres . Trois semaines plus tard,  un archer expérimenté s'est présenté à l'urgence avec une flèche incrustée dans le crâne. Incident pas rare du tout....



Il a survécu  et s'en sortira fort bien s'il n'y a pas d'infection. Il reprendra ses vieilles habitudes sans aucune nouvelle précaution. On ne va quand même pas mettre un casque, me dit-on ....

La cigarette


Depuis 2004, il est interdit de vendre des cigarettes et d'en fumer en public au Bhoutan. Il est permis d'importer   200 cigarettes à condition de les déclarer et d'en payer les taxes . Il faut pouvoir produire ce reçu au risque de se retrouver  3 ans en prison. Évidemment ,les habitudes tabagisme ,surtout dans les campagnes, persistent et les maladies qui y sont reliés aussi.




Photographies des grues tibétaines: leçon de modestie

Avant de partir pour le Bhoutan, je me réjouissais à l'idée de photographier au moins une ou deux  des centaines de grues tibétaines lors de leur migration au Bhoutan. Je me voyais déjà accrocher une photo   gros format ,des plus réussie bien sûr au mur de mon salon .
Voici la première "prise" à partir de la lunette d'approche au centre d'observation . On m'a dit que je ne pouvais m'en approcher de plus près !





Bon, j'ai quand même travaillé fort pour m'en approcher et obtenir cette photo "souvenir" !



Au ciel !

Thimphu a été boudée par le soleil pendant une bonne partie de novembre.  Grisaille,  ciel bas, température près du point de congélation, je portais tuque et gants pour écrire à l'ordi ! Puis un beau matin voilà !

Une excursion m'a mené au ciel ! L'air pur et "croustillant" de haute altitude à admirer  la chaine Hymalayienne et c'est LE moment où on oublie tout. On est ensuite porté sur un petit nuage au moins pour quelques jours....







Ce n'est pas pour rien qu'on retrouve les monastères bhoudistes là haut  près des dieux régulièrement sollicités par les prières.Ici un Dzong magnifique, lieu de formation de jeunes moines.

Les Bhoutanais


On ne peut résumer le Bhoutan  sinon qu'il est unique au monde. Par  son réveil tardif,  sa préoccupation du bien collectif , par ses habitants en effervescence face à des changements récents, par l'intelligence et la curiosité  de ses jeunes professionnels et par l'intégrité de ses habitants en lien avec leurs croyances religieuses et leur patriotisme. J'ai eu la chance d'y rester quelques semaines constamment baignée dans des concepts tellement complexes et éloignés de notre culture mais si riches pour se comprendre soi-même.





jeudi 1 décembre 2011

Produit national du bonheur


C'est à l'âge de 17 ans que le quatrième roi, Jigne Singye Wangchuki, a lancé, lors d'une entrevue que le Produit National du Bonheur était aussi important sinon plus que le Produit National Brut. Plus de trente ans plus tard, cette "philosophie " sociale unique est toujours vivante et la majorité de mes interlocuteurs la salue.
Dans sa plus simple impression, cela signifie que tout projet de développement sera analysé à la lumière de son impact sur la population, l'environnement et les valeurs religieuses. La santé psychologique, l'écologie, la santé, l'éducation, la culture, le niveau de vie, l'utilisation de temps, la vitalité des connaissance et la bonne gouvernance sont les neuf points principaux chacun pouvant être analysé avec des indicateurs précis. 




Bouddhisme

J'ai parfois demandé si ce concept de PNB bhoutanais aurait eu le même impact  si sa  population n'avait pas pratiqué le bouddhisme mahayana, altruiste et universaliste.  Combien de fois on m'a soutenu qu'il est important de faire bénéficier toutes les créatures vivantes par nos actions. On prie pour les autres  pour qu'ils ne souffrent pas, on aide son voisin, on veut être une bonne personne. 

 Contrairement au catholicisme, on ne gagne pas le paradis du premier coup. Chaque vie est une occasion d'être meilleur, d'accumuler assez de mérites  pour s'assurer une réincarnation dans un être  d'un niveau supérieur et atteindre, après de multiples réincarnations, le nirvana. On est alors libéré du cycle récurrent de la naissance, la maladie, le vieillissement et la mort.  (résumé très succinct, car les différentes formes de bouddhisme sont légions).
Compassion

Ainsi la compassion fait partie du vocabulaire journalier et ramène rapidement tout discours sur le développement à un niveau  très "humain". Par exemple, un patient moribond n'arrive jamais seul l'urgence. Si ce n'est pas un membre de la famille , un ami, un voisin l'accompagne. Des dames volontaires parcourent l'hôpital pour orienter des visiteurs désorientés, offrent des couvertures.
Très peu de sans-abris, pour le moment. Très peu aussi de quêteux qui sont davantage des personnages colorés comme celui-ci.





Place à l'amélioration
 Aujourd'hui, à l'urgence de  l'hôpital de référence de Thimphu, on ne pouvait prendre la température des patients puisque  le dernier thermomètre (au mercure ) a été brisé hier soir.  On ne pouvait soulager la douleur d'un patient en phase terminal d'un cancer ou son voisin affligé d'une fracture ouverte au fémur par manque de narcotiques. Il n'y a ni anti-émétique intraveineux , ni antiarrythmique (!) intraveineux . En fait, 63 médicaments manquent à l'appel depuis plus d'un an suite à une histoire d'extorsion .
 Ce matin, dans le journal local, on dénonçait en gros titres non seulement le ras-le-bol des médecins mais l'impossibilité de connaître les responsables de ces importantes ratés. 
En attendant, les infirmières au maigre salaire, achètent de leur poche et chacun leur tour des thermomètres.


Bon, il reste que ce petit pays pris entre l'Inde et la Chine a  tout un courage pour aligner des principes aussi  originaux. Il reste qu'il a besoin de rester à l'écoute des participants sur le terrain....

Une petite "prière"
Presque comme d'habitude, je termine avec ces drapeaux à prières, ici, fort joliment rassemblées.